lundi 2 septembre 2013
LES SABOTIERS AUVERGNATS
Les sabotiers auvergnats dans le Val de Saône (Ain) de la fin du XIXe siècle au début XXe siècle
D’après l’étude de Jean Morange, les sabotiers du Livradois et du Forez partaient, à pied, traversaient en groupe le Beaujolais en direction du Jura. Sur des routes identiques, ils partaient à l’assaut des futaies de noyers et de bouleaux. D’autres venaient les rejoindre du Cantal et de la Corrèze via le Puy de Dôme et l’Allier. Leur chemin migratoire passait par Roanne, Tarare, Villefranche-sur-Saône ou Mâcon puis Bourg-en-Bresse.
Si les sabotiers de la vallée de la Saône dans l’Ain étaient pour beaucoup originaires de la région ou de la Bresse, une partie était originaire du Puy de Dôme. Certains n’étaient que de passage pour le compagnonnage ou recrutés après les travaux d’été par des chefs sabotiers. D’autres s’y sont définitivement installés. Les communes principales où on les retrouve sont St-Laurent-sur-Saône (Anciennement St-Laurent-les-Mâcon), Thoissey-Montmerle sur Saône et St-Trivier-sur-Moignans.
Après quelques recherches, on peut s’apercevoir que ces sabotiers d’Auvergne viennent tous de la même région. Ils sont tous nés dans un rayon de 20km autour de Le Brugeron dans le Puy de Dôme. On note également qu’ils portent tous le même patronyme, preuve que le métier se transmet de père en fils et que les mariages se font dans la corporation.
Rue d’un sabotier à Montmerle
Enseigne de sabotier à Montmerle-sur-Saône.
Le nez du sabot se terminait en spirale.
Il faisait l’admiration des enfants qui l’avaient surnommé « Le sabot du géant ».
La population de Montmerle-sur-Saône, selon le recensement, est de 1668 personnes. Parmi ces gens, 900 actifs sont susceptibles de porter des sabots.
Ne sont pas comptés les personnes âgées classées sans profession ni les enfants qui ne sont pas issus du travail de la terre.
Donc on peut aisément considérer que le port du sabot est usité par 1000 Montmerlois.
Si l’on considère que les gens qui travaillent la terre, (hommes, femmes, enfants) usent ou cassent 3 paires de sabots par an (couramment 4 à 5 paires, voir une paire par mois pour certains), on arrive à 500 personnes (500 personnes x 3 paires + 500 personnes x 1 paire = 2000 paires)
Mais n’oublions pas non plus les communes environnantes telles que Amareins, Francheleins, Lurcy, Messimy, Guéreins, Monceaux, Cesseins et Genouilleux qui n’ont pas de sabotiers. Les habitants de ces communes, rurales à 95%, portent énormément de sabots.
Le nombre de paires annuel est supérieur à 6400. En considérant que les femmes et les enfants n’usent ou ne cassent pas 3 paires par an, on arrondira à 600 paires. Ajoutées aux 2000 paires portées par les Montmerlois, on arrive à 8000 paires.
Il y a six sabotiers à Montmerle en 1896. Tous les sabots se font à la main du fait que les machines ne sont apparues dans les grandes entreprises, qu’en 1904. Un sabotier fait en moyenne cinq paires de sabots par jour. Ce qui fait un total de 30 paires par jour, 700 paires par mois, et 8400 paires par an.
De ces 8400 paires de sabots, on ôte les 8000 paires vendues annuellement à la population, il reste un stock de 400 paires, ce qui n’est pas énorme. N’ont pas été déduits les sabots noirs, vernis ou décorés portés par certains le dimanche ou lors des fêtes. Il faut aussi tenir compte des gens qui viennent de loin, à la foire aux chevaux de Montmerle-sur-Saône qui dure plusieurs jours. A cette période, les ventes, importantes, font diminuer les stocks un peu plus.
Matière première et outillage
Et le bois, d’où venait-il ? Certainement des forêts environnantes. On peut supposer que les futaies sont importantes sur la région des Dombes, aux alentours de Chatillon-sur-Chalaronne et St-Trivier-sur-Moignans. En 1896, il y a un marchand de bois à St-Trivier-sur-Moignans, un à Thoissey, deux à St-Laurent-sur-Saône, et un à Montmerle-sur-Saône en 1906. Les scieurs de long (2 à Montmerle-sur-Saône en 1896) étaient chargés de l’abattage des arbres et du débitage des tronçons. Les marchands ou les voituriers (5 à Montmerle en 1896) étaient sans doute chargés de l’acheminement des matières premières.
Pour cette production, les sabotiers avaient leurs propres outils. Certains les amenaient d’Auvergne. Pour le voyage, le paroir, outil imposant et indispensable pour réaliser la forme du sabot se portait sur l’épaule.
Le tranchant de 50 cm était recouvert d’un protège lame en bois parfois finement sculpté.
Les outils étaient généralement forgés par les taillandiers. Il n’y a plus de taillandier à Montmerle-sur-Saône en 1896. Le dernier recensé, forgeait et fabriquait la majeure partie des outils qu’il mettait en vente. Sa renommée régionale lui permettait de graver son nom : THOMAS, sur chaque outil. Il décédera en 1890, à 65 ans. On peut supposer qu’il a forgé des outils pour les sabotiers de Montmerle-sur-Saône qui étaient déjà présents en 1847.
A St-Laurent-sur-Saône, Jean Baptiste Marret était à la tête d’une fabrique de sabots (trois employés dont deux Auvergnats) près du pont. Il était marchand de bois, sabotier, vendait des brides et des coussins mais aussi des outils pour sabotier.
De 1847 à 1931, 23 sabotiers ont exercé leur savoir faire à Montmerle-sur-Saône. Le dernier « Auvergnat » recencé, Parraud Jean Baptiste, né en 1888, à St-Pierre-la-Bourlhonne faisait encore des sabots à Montmerle-sur-Saône en 1931.
Avec la mécanisation, les sabotiers auvergnats ont disparu du Val de Saône.
Avec l’ère industrielle, les sabotiers de la France ont disparu.
Le dernier sabotier du Val de Saône s’est éteint à Montmerle-sur-Saône en 2008. Il s’appelait Jean Beroud.
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RépondreSupprimerJe suis le fils du dernier sabotier de Montmerle sur Saône.Cette étude sur les sabotiers auvergnats dans le val de Saône a été réalisée par moi-même voilà près de dix ans Elle a été incluse (copié-collé) sans mon autorisation .C'est trop facile!!!!! Honteux de la part de celui qui a créé ce site. Patrice Beroud
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